Interview de Zakary, étudiant en BTS SAM, qui, dans le cadre du programme Erasmus+ pour l’enseignement supérieur, a effectué un stage de 2 mois dans une entreprise de Barcelone et bénéficié d’une bourse Erasmus de 800 euros.
- Pourquoi avez-vous choisi de faire votre stage à l’étranger ?
J’ai toujours eu envie de découvrir le monde et pratiquer des langues étrangères pour m’ouvrir aux différentes cultures.
- Dans quel type d’organisation avez-vous effectué votre stage et à quel poste ?
J’effectue mon stage dans une entreprise internationale à Barcelone dont le siège social se situe en Angleterre.
C’est une entreprise de soutien informatique pour des professionnels.
A Barcelone, elle possède 700 salariés dont 51 nationalités. Elle intervient auprès de sociétés à travers le monde, sur tous les continents et tous les créneaux horaires.
Pour de ce qui est de mon poste, j’étais le stagiaire de l’assistante du directeur de la filiale d’Espagne.
- En quoi a consisté votre stage ? Quelles ont été vos missions ?
Lors de mon stage j’ai assisté à énormément de réunions sur toutes sortes de thèmes :
- Stratégie de management,
- Amélioration de la productivité,
- Comment améliorer l’empreinte énergétique du bâtiment,
- Conférence téléphonique avec Mexico et Budapest,
J’ai organisé et tenu des réunions et accompli des tâches administratives courantes pour soutenir ma tutrice. J’ai participé à l’organisation d’événements d’entreprises, trouvé des indicateurs pour mesurer la productivité de certains métiers et créé des documents à publier sur l’intranet.
- Comment se passe la communication en anglais/espagnol ?
C’est très amusant. J’ai toujours aimé communiquer dans d’autres langues, donc ça été un vrai plaisir.
J’ai principalement communiqué en anglais même si certaines fois j’ai pu pratiquer mon espagnol.
On m’avait prévenu mais je confirme : il faut 2 semaines pour se familiariser avec une langue et trouver son nouveau rythme de vie dans un lieu loin de chez soi. Les premiers jours, on se sent un peu déboussolé et on cherche ses repères. Mais heureusement, ce n’est pas une épreuve très difficile à surmonter. Même si mon expression en anglais était un peu cafouillis, ma compréhension était, dès le premier jour, très bonne.
Pour le reste ça n’a fait que s’améliorer au fur et à mesure. La clé étant de ne pas hésiter à participer même si nos propos sont flous. Ne sous-estimons pas la compassion de nos tuteurs qui savent se montrer patients quand nous parlons anglais comme des « vaches françaises » !!
- Avez-vous remarqué des différences entre le travail en France et votre pays d’accueil ?
Oui, de nombreuses.
La particularité de mon stage a été de travailler en Espagne, dans une société britannique, dirigée par un français…. Donc je ne suis pas sûr de faire partie des cas d’écoles. De plus il y avait près de 51 nationalités donc, les personnes vivant à l’étranger n’ont plus vraiment leur culture d’origine, mais pas complètement la culture espagnole ou catalane. Ainsi les différences culturelles sont basées sur des mélanges de ce qui nous plait ou non dans les pays que nous connaissons, et forcées par la culture et processus de l’entreprise qui sont imposés.
Mais cela m’a donné la chance extraordinaire de pouvoir travailler avec des personnes de plusieurs nationalités. Ainsi, j’ai pu découvrir des différences dans des détails tels que la posture assise, qui est très droite chez les espagnols et anglais, alors qu’assez relâchée (dos voûté) chez les français – on se tient beaucoup la tête quand nous sommes assis, ce qui ne se retrouve que chez nous. De plus, comme c’était une grosse compagnie les salutations étaient principalement orales, pas de contact, même si les espagnols sont très tactiles une fois les liens créés.
D’un point de vue plus technique, les comptes rendus que j’ai créés étaient beaucoup plus simples qu’en cours. Les réunions étaient généralement très informelles et libres (peu d’importance concernant la posture, le téléphone portable, …).
Il y a également beaucoup moins de documents administratifs à remplir !
- Que retiendrez-vous de cette expérience ?
Une joie exceptionnelle ! Les personnes avec lesquelles j’ai travaillé étaient à l’écoute, prêtes à prendre du temps pour moi. Aussi bien le directeur que mon voisin de bureau en passant par ma tutrice m’ont enseigné les techniques qu’ils ont apprises et m’ont montré ce qu’est la vraie ouverture d’esprit quand on a le privilège de travailler avec des personnes venant de partout autour du globe.
Il y a peu de chance que je revive cela un jour, travailler dans une entreprise aussi grande, avec autant de nationalités et une ambiance aussi belle. Mais je crois que la leçon que je vais tâcher de retenir est qu’il faut savoir être ouvert à n’importe quoi et ne pas penser « français » mais « humain ».
Les espagnols sont très tactiles, il faut s’y faire et essayer de le devenir un peu plus, et ainsi on découvre que l’on peut créer des liens magnifiques. Les Irlandais sont plus réservés mais aiment apporter de la joie au travail, n’ayez plus peur de prendre un fou rire au bureau. Les espagnols ont un accent anglais à couper au couteau (et pour certains je suis gentil), dites-vous que l’accent français en anglais est très « unique » en son genre également.
Ou alors la personne avec laquelle vous travaillez parle un français approximatif, dites-vous que vous aimeriez parler sa langue comme elle parle la vôtre. Ne dites plus « c’est étrange ce qu’il/elle fait » (même si parfois…) mais essayez de comprendre et de faire pareil.
En bref, j’ai appris à m’enrichir des êtres humains, ce qui n’est pas toujours simple en France et dans un cadre scolaire, mais qui vaut tout l’or du monde et qui m’a propulsé dans la vie, la vraie, bien plus loin que le monde scolaire ou professionnel.
- Une anecdote à raconter ?
Quand on dit que les Espagnols sont plus cool au travail, c’est vrai. Ce qui entraîne parfois le fait qu’il faille rappeler de nombreuses fois les entreprises externes pour obtenir des informations. Le plus impressionnant reste la fois où, après un événement d’entreprise à l’extérieur, ma tutrice a dû les appeler plusieurs fois pour pouvoir les payer, ce qui n’avait pas l’air de les inquiéter !